Rétrospective et fin de la 10ème année…

Je profite de ce début d’année pour partager avec vous le bilan de 2020. Année des 10 ans de l’asso, ce sera aussi un bilan de ces années de travail associatif. Et un petit partage de mon intimité. Car cette asso, c’est un peu (beaucoup) de moi ;-).

Sa création et les activités proposées sont en partie inspirées par la naissance de mon fils en décembre 2009. Je souhaitais alors trouver une activité qui me permette d’avoir du temps avec mon enfant et d’organiser ce temps comme je le voulais. Je souhaitais aussi pouvoir partager ce qui m’anime : créer un « métier-passion » comme certain-e-s le nomment ou bien multipreneuse/multi-passionnée…. Bref, les mots ne manquent pas aujourd’hui pour tenter d’étiqueter une forme « d’éparpillement efficient » qui ne souhaite surtout pas se faire mettre en boîte. Ou en tout cas, s’il y a une boîte dans laquelle je veux bien entrer, c’est celle de la permaculture. D’où le nom de l’asso.

Au début, c’était Les Mains Sages uniquement. Car les activités étaient tournées autour du massage bien-être. Et aussi parce que pour moi, la sagesse correspondait à ce qui est inné en nous, ce qui ne s’explique pas mais qui se sait et se transmet avec l’intelligence du coeur et le savoir du Vivant qui nous entoure et nous enseigne en permanence. Par manque de confiance, par peur de prendre une place que je n’aurais pas eu le droit de prendre malgré mes 8 années d’observation et de pratiques en région méditerranéenne et dans les tropiques, je n’avais pas encore mis le mot « permaculture » dans le nom de l’asso. Mais l’idée de promouvoir le concept était là, notamment en proposant des ateliers avec des intervenants extérieurs.

Le changement de nom et le baptême ont donc eu lieu en 2012, suite au PDC avec Robyn Francis que nous avions co-organisé. Quelle expérience et quelle fierté que cette formation ! Aujourd’hui, je tiens à ce nom complet, ce mariage consenti, pour le meilleur et pour le pire. Car arborer le mot permaculture n’est pas toujours évident, surtout pour les personnes qui comme moi, tentent de promouvoir la permaculture des origines, celle de Bill Molison et David Holmgren. Ces visionnaires qui souhaitaient proposer un changement radical de paradigme et faire évoluer nos sociétés vers une Humanité consciente, efficiente, holistique et heureuse. Une utopie difficile à réaliser mais pas impossible. J’y crois encore même si, pour ma part, j’en suis encore loin. Les chemins ne convergent pas encore mais servent le même dessein. Et c’est ce qui m’importe. Il n’est plus question ici du temps tel qu’on le conçoit dans nos sociétés. Cette montre et ces calendriers qui nous imposent des rythmes non physiologiques. Le bon rythme est celui qui fait sens pour moi, pour mon corps et pour mes proches. C’est celui qui se met en place, à l’écoute de nos âmes, qui est au-delà de toute volonté et qui se met au service de nos intentions.

Lui seul sait…

Ce temps juste que j’ai expérimenté et « subi » comme tant d’autres cette année 2020. Dans un lâcher-prise, parfois intense et douloureux, qu’il a fallu réaliser face aux « imprévus » : les arrêts d’activités, les décès… Dans ces naissances aussi, magiques et puissantes, que j’ai eu l’honneur d’accompagner. Ma résilience était-elle à jour face à ces évènements ? Nos sociétés occidentales étaient-elles prêtes, là où d’autres subissent ces formes de violence et cette intensité de vie et de mort au quotidien depuis des années ? Planifier et organiser la résilience est un des axes majeurs d’un design en permaculture : prévoir la soutenabilité d’un système en cas de changement dû à un évènement extérieur non planifié (une maladie, un déménagement, un départ, une arrivée, une naissance, une mort, une catastrophe…).

Il serait intéressant de vous arrêter là dans cette lecture et de prendre un petit temps pour voir en quoi votre « système » est résilient et si vous avez été le plus exhaustif possible face à ces grains de sable qui peuvent venir le faire grincer.

Car – et c’est ce qui est génial avec la permaculture – cet exercice peut s’appliquer à tous les domaines de nos vies, et pour les puristes, à nos besoins fondamentaux (se nourrir, respirer un air sain, se loger décemment, avoir des relations épanouissantes et vivre dans une société respectueuse des besoins de chacun-e…)

En quoi sommes-nous préparé-e-s à cela ? Personnellement, je n’étais pas préparée à devenir mère. Tout comme personne ne m’a préparée à la mort de mon père. Une naissance « surprise » et une mort « fulgurante ». Des évènements que je n’ai pas vus arriver. Et qui font pourtant partie de la vie car depuis que le monde est monde, on naît et on meurt.

Je me suis rendue compte cette année 2020 à quel point, finalement, de manière inconsciente, ma préparation avait été faite. De manière subtile et invisible à mes yeux mais bien présente dans mon cœur. Et je suis pleine de gratitude pour ces savoirs essentiels acquis depuis ma naissance : le partage, la curiosité, l‘adaptabilité, mes cultures (française, togolaise et béninoise), le respect de soi-même et une grande Foi et confiance en la Vie. C’est le terreau de mon courage et de ma force pour sortir des moments difficiles. Avoir l’humilité de sombrer, de poser un genou à terre et saisir le moment où l’on aperçoit de nouveau le fil de notre chemin doré pour se relever et tisser de nouveaux possibles.

Une année de dévoilement donc (comme certain-e-s la nomment), à mon petit niveau, et de structuration. Car avec les crises vécues en 2020, je me suis aussi rappelée que l’une des vocations de cette activité associative était de me professionnaliser dans ce domaine : vous savez, l’éparpillement efficient ;-). J’en suis encore loin là aussi, mais la prise de conscience a cette fois une suite. Et là encore, merci aux personnes de bons conseils qui m’ont amenée à redéfinir mes activités selon mes besoins et à (re)trouver la raison d’être de cette structure. Je ne sais pas si l’association va durer car je me rends bien compte à quel point cette étiquette « d’association » vient aussi me limiter. Il est en effet difficile pour beaucoup de personnes de se dire que le travail associatif peut être rémunéré et à une juste valeur. Et il m’est difficile d’avoir à me justifier de certains tarifs proposés alors qu’une attention particulière est mise sur la qualité et le sérieux de ce qui est mis en place (tout en sachant que tout reste perfectible). À voir donc quelle forme cela prendra. En tout cas, je suis vraiment heureuse d’avoir défini un cadre plus précis dans mes activités, de (commencer) à oser prendre ma place et de savoir que ce qui me plait est d’accompagner, transmettre, et agir pour initier et donner des bases. Libre aux personnes de poursuivre ensuite leur route avec ces outils. Et ce qui me ravit encore plus, c’est que là aussi, je ne l’ai pas décidé volontairement. Ça s’est présenté à moi et ça tombe juste dans de nombreux domaines de ma vie.

C’est ainsi que sont nés cette année :

  • Le programme d’accompagnement périnatal sur 9 mois pour accompagner les personnes en amont et dans les premiers mois de leur parentalité.
  • La formation Initiation au design permaculturel sous forme de résidences permaculturelles pour accompagner les personnes dans leur découverte des propositions holistiques de la permaculture.

Les cours hebdomadaires de danses traditionnelles d’Afrique de l’ouest se sont transformés en ateliers de 3h qui devraient avoir lieu tous les 2 ou 3 mois sur la commune de Mouans–Sartoux ou alentours. À suivre….

D’autres abandons/transformations ont eu lieu. Le site internet est en cours de mise à jour : d’ailleurs help si quelqu’un-e se sent disponible pour donner un coup de main pour ça !

Et des nouveautés restent à venir, inspirées entre autre par la rédaction de cet article et de mes dernières découvertes. Désolée, éparpillement efficient oblige ;-).

J’aurai grand plaisir à vous les partager et à vous retrouver, quelle que soit la forme, pour des échanges productifs.

Je remercie sincèrement les ami-e-s et les proches qui ont accompagné ma route, depuis le début et plus particulièrement ces 10 dernières années. Merci aussi à celles et ceux qui ont participé aux ateliers, que ce soit dans les jardins, dans les salles de danse et ailleurs. Nous avons mis en place des activités qui nous ont toutes et tous réjouis et où des personnes se sont impliquées intensément, notamment pour le volet artistique de l’association.

Je finis avec une pensée intime pour mon fils et pour mon parcours de mère, qui sont une grande source d’inspiration. Et pour mon père dont les non-dits et les silences me manquent car ils étaient aussi pour moi une façon de me laisser de l’espace pour écrire mon histoire et tous ses possibles.

À la lune…

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